1. La forteresse du sud

Il prend note de la commande de Gam puis va voir la jeune demoiselle et le farfadet, dont il prend aussi la commande en précisant cependant que seules les consommations... liquides seraient gratuites.

Pendant ce temps, la jeune fille se rapproche de vous, apportant avec elle son plat, son pain, son verre et son épée, et abaisse sa capuche.

- Je suis Iris, dit-elle en souriant. Et il semblerait que nous allions demain au même endroit.

Maintenant que vous pouvez la voir de plus près, vous pouvez percevoir la pâleur et la finesse de sa peau, la blondeur très claire de ses cheveux, et vous la reconnaissez comme une Naïade qui n'aurait pas vu la mer depuis longtemps. Pourtant... pourtant il y a quelque chose en elle de bestial, de froid et d'étranger qui vous rend sa compagnie un peu dérangeante, comme si elle n'aurait pas dû être là, avec vous. Son sourire, qui étire davantage le coin droit de sa bouche, a quelque chose d'un peu ironique qui vous maintient à distance d'elle, malgré son rapprochement physique.

Tandis qu'elle se tourne vers Gam, vous pouvez voir la pureté de son profil, qui vous rappelle quelque chose sans que vous puissiez dire quoi.

- Eh, le guerrier, ne veux-tu venir avec nous ?

Elle sourit, et parle plus doucement, comme le ferait à un enfant :

- Je voulais dire : veux-tu nous rejoindre à table, Gam le guerrier ?

Je grommelle dans ma barbe pour différentes raisons et croise les bras sur ma poitrine, fermé comme une huître.

Et puis soudain, comme si j'avais enfin réalisé.
- Hein ? Comment ? Où allons-nous demain tous ensemble ?

Souriant à l'arrivée de la Naiade, je ne peux qu'admirer la finesse de ses trait et la paleur de sa peau que je trouve belle. Malgré son espèce d'effort pour se maintenir à distance des autres, je vois en elle une espèce de souffrance. Une souffrance que toutes les naiades semblent porter une tristesse comme si on leur avait enlevé quelque chose pour les rendre plus forte que je ne le serais jamais. Oui j'avoue les admirer un peu, même si je trouve qu'il est vraiment immoral de tuer.

Alors qu'elle se place à nos cotés j'incline légèrement la tête avant d'entendre la trouble du Farfadet, il faut dire que la discussion semblaient propices aux quiproquos.

"J'avoue être assez rassuré de voyager en si charmante compagnie (en regardant tout le monde). D'une part c'est plus sûre et puis le temps passe plus vite"

Alors qu'on m'apportait ma consommation gratuite je glissais quelques mots à l'oreille du tavernier

Spoiler:

Iris se tourne vers le farfadet en répondant, un peu surprise :

- Nous allons à la forteresse...

Elle a un petit sourire :

- C'est le prix de ton vin, un peu de ta chance...

Tandis que l'aubergiste répond positivement à Dreanya :

- Oui, cela ne fera pas de mal à la clientèle...

Spoiler:

Je fais une grimace et répond à Iris.

- Que se passe t'il réellement à la Forteresse ? Un seul homme peut-il vraiment tuer impunément les gardes sans jamais se faire prendre ? Balivernes !

Je désigne de mon menton pointu orné de quelques poils un des paysans.
- Comme il l'a sous-entendu, il s'agit peut-être d'une créature.

Je hausse les épaules comme si cette suggestion m'importait peu finalement et éclate de rire.
- Mais si elle ne s'en prend qu'aux hommes, nous n'avons rien à craindre, n'est-ce pas ? dis-je en regardant Dreania et Iris.

Fouillant dans ma besace, je sors une flute taillée avec soit dans du bois. Malgré l'apparence légèrement artisanal de l'instrument celui ci avait été fait par les mains expertes d'Yslain, un frère bohémien qui avait un talent certains dans la création des instruments (ainsi que dans leur utilisation). Après avoir soufflé dans le trou de sortie de l'instrument, pour faire disparaitre un peu l'humidité qui avaient pu s'accumuler à l'intérieur, je la prends entre mes doigts, m'éclaircis la gorge (pour éviter la moindre dissonance) avant de souffler délicatement au début.

Je maintenais la note tout d'abord, m'assurant que ma flute soit parfaitement claire avant de commencer à jouer de nombreuse notes. Des notes légères et joyeuses, tentant d'alléger un peu l'ambiance pesante de cette auberge. Même si mes doigts n'étaient pas aussi expert que ceux d'Yslain, j'arrivais à produire un flot de notes harmonieux comme le ruissellement d'une rivière. Cela devrait produire au moins un fond sonore apaisant, du moins je l'espérais.

La musique adoucit les mœurs, c'est bien connu, ce soir ce sont les cœurs qu'elle apaisera. Dans la salle l'ambiance semble se détendre, un paysan ose même rire. Quelques personnes, peut-être attirées par la musique, entrent dans l'auberge pour venir boire un verre.

Mais cependant l'ambiance reste calme, et la soirée est courte.

Vous allez tous vous coucher, donc, et la nuit se passe bien, jusqu'à ce qu'un cri, venant de l'extérieur, ne vous réveille en sursaut, rompant le calme de la nuit. Cependant dans l'auberge ni dans le village rien ne bouge, vous faisant vous demander s'il ne s'agit pas d'un cauchemar...

Je me lève d'un bond, le regard hagard, la bave coulant doucement jusqu'au menton. Je me gratte la bosse, essayant de savoir si le cri était dans mon rêve, cauchemard plutôt, ou bien dans la réalité. Le souvenir du regard de Flamina me hante, aussi je cours jusqu'à la fenêtre, évitant les corps endormis des pauvres qui, comme moi, n'ont pas pu se payer une chambre double et encore moins individuelle.
Je fronce les sourcils tandis que je scrute l'extérieur.

La soirée s'était plutot bien passé, j'avais réussi à apaiser un peu les craintes grace à ma musique, ce qui n'était pas si mal étant donné que la musique n'est pas vraiment ma spécialité. Après avoir épuisé deux fois mon répertoire, je déguste un repas bien mérité, fière de l'avoir gagné en ayant fait du bien aux autres. Toutefois, avoir ainsi joué toute la soirée avait été épuisant, et cela même sans avoir marché toute la matinée, ce qui me fait tomber comme une masse dans le lit du dortoir. M'enfonçant dans un sommeil profond, je tente de récupérer un peu quand le cri me tira de ma torpeur. Naturellement inquiète pour la personne ayant hurlé de la sorte, je me dépêche d'aller voir d'où venait de bruit.

Spoiler:

Aucun autre bruit ne semble suivre le cri sinistre qui vient de déchirer la nuit. Dans l'auberge, rien ne bouge même si Féloptère voit, à l'extérieur, des petites braises qui semblent voler dans les airs, suivant une trajectoire diagonale régulière des plus étranges.

Dreanya, tu ne sais pas exactement d'où vient le bruit, si ce n'est qu'il semblait venir de l'est. Alors, que fais-tu ?

Spoiler:

Je tente donc d'avoir une vision de ce qu'il se passe vers l'Est, quitte à sortir du dortoir ou de l'auberge

Sans bouger, je reste à la fenêtre à regarder ces petites lumières. Si celles-ci s'éloignent, alors je retourne me coucher.

@ Dreanya : tu ouvres la fenêtre, que tu penses dirigées vers l'est, mais ne vois rien que les torches du chemin de ronde de la forteresse.

@ Féloptère : les petites braises rouges suivent toujours le même chemin, sans se rapprocher ni s'éloigner.

Je me frotte les yeux en grognant doucement.
C'est quoi encore ce truc ?

L'idée d'aller dehors, dans le froid et en pleine nuit ne m'enchante guère. Mais la curiosité...

J'attrape la maigre couverture et m'y enroule dedans avant de descendre. Je manque plusieurs fois de me prendre les pieds dedans mais je parviens malgré tout entier en bas de l'escalier. Avec un dernier soupir, j'ouvre la porte de l'auberge et me jette dans les ténèbres de la rue.

[Dreanya ? Tu fais quoi ?]

Feloptère avance donc, tandis qu'en haut un homme émet des ronflements sonores, dans l'obscurité en direction de l'étrange lumière... En s'avançant, la petite créature peut s'apercevoir que cette petite lumière est tenue par une ombre, et que de ce petit feu se dégage une odeur un peu âcre, non désagréable cependant. Alors que Féloptère n'est pas encore en mesure de reconnaître le fumeur, la voix claire d'Iris l'interpelle :

- Et bien, beau mâle, ce n'est plus l'heure de sortir.

Sa voix est atone, comme absente et lointaine alors que, à coup sûr, elle vient bien de l'ombre à la pipe.

Je me retourne et regarde s'il y a quelqu'un derrière moi. Comme je suis bel et bien seul, je hausse les épaules et renifle bruyamment, irrité par cette remarque ironique.
Mais, circonspect et prudent, je ne m'avance pas plus.

- Que fais-tu dehors à pareille heure ? C'est bien imprudent !

Elle répond, sarcastique et atone toujours dans le même temps :

- Oui, c'est dangereux d'être dehors à cette heure, n'est-ce pas, petit être ? Mais pour qui est-ce le plus dangereux ?

Alors qu'un souffle d'air amène vers toi l'odeur âcre que tu inspires sans le vouloir, tu te sens soudain un peu plus détendu...

Je réprime difficilement un frisson provoqué non par le froid mais par la menace sous-jacente aux paroles d'Iris.
Pourtant, mes épaules s'affaissent et un sourire béat vient barrer mon visage.

- J'étais si bien au chaud dans mon lit. Mais si tu me proposes le tien, je viendrais sans rechigner.
L'oeil lubrique, je m'approche d'Iris - mais est-ce vraiment Iris ? - plein de fantasmes.